vendredi 25 décembre 2015

Chronique du festival Lumière 2015

- Pour finir l'année 2015 en beauté, retour sur un évènement marquant de l'année écoulée: la 7e édition du Festival Lumière.




Après Tarantino et Almodovar, le festival Lumière emmené par Thierry Fremaux et Bertrand Tavernier est revenu, en octobre dernier, dans la capitale des Gaules avec du lourd... du très lourd puisque la septième personnalité du 7e Art à se voir remettre le Prix Lumière n'était autre que le grand Martin Scorsese. Et comme l'a si bien dit T.Fremaux durant la cérémonie de remise du Prix Lumière, ce prix était fait pour lui. Martin Scorsese, l'un des plus grands cinéastes de sa génération, est aussi un amoureux inconditionnel du cinéma. Celui-ci est en effet très investi dans la restauration des films anciens ou oubliés grâce à sa fondation The Film FoundationScorsese est aussi un grand collectionneur puisqu'il détient chez lui une importante collection de bobines. T.Fremaux lui a d'ailleurs offert une bobine des films des frères Lumière lors de la remise de son prix le vendredi 16 octobre. Mais cette septième édition du Festival Lumière a aussi été marquée par de nombreux autres évènements. 





N'ayant pas pu me rendre à la cérémonie d'ouverture présidée par Vincent Lindon, les places étant parties en quelques jours, je me suis rattrapé en me rendant le lendemain, donc le mardi, à la grande soirée hommage qui s'est tenue à l'Auditorium de Lyon. Pour ce nouveau rendez-vous du festival, T.Fremaux a choisi d'honorer une grande artiste italienne qui a côtoyé tant de monstres du cinéma: Sophia Loren. Très rare ces dernières années, l'actrice 
italienne nous a offert un entretien d'une trentaine de
minutes autour de T.Fremaux et du réalisateur oscarisé Regis Wargnier, un des ses fervents admirateurs. Et c'est dans cette salle pleine à craquer que Sophia Loren s'est confiée sur sa carrière. Celle-ci fit une entrée majestueuse, à l'image de sa carrière, après que les spectateurs aient pu découvrir un montage de ses plus grands films et que Regis Wargnier réaffirme son admiration pour l'actrice qui selon-lui incarne " le plus beau de l'Italie". Et c'est dans un tailleur pantalon rouge vif que Sophia Loren répondit aux questions de T.Frémaux. Elle aborda notamment sa relation avec le cinéaste Vittorio De Sica qui lui permit de recevoir un Oscar pour son interprétation d'une mère de famille à la fin de la Seconde
Guerre Mondiale dans la Ciociara que le public pu découvrir à l'issue de la discussion: De Sica, confia-t-elle, lui a appris beaucoup de choses dans le métier et notamment le véritable sens du mot cinéma qui n'est pas juste "avoir sa photo dans les journaux". Sophia Loren, dont la dernière apparition fut dans le court-métrage de son fils Edoardo Ponti confirma sa passion pour la comédie et le jeu de scène en n'excluant pas d'autres projets dans le futur. Elle poursuivit en évoquant sa relation sentimentale et professionnelle avec l'homme de sa vie: Carlo Ponti qu'elle rencontra à l'âge de 16 ans. Elle confessa que sans lui elle ne serait pas devenue l'actrice qu'elle est aujourd'hui. Enfin, cette rencontre se conclua par l'évocation de son compagnon de jeu, Marcello Mastroianni et de son décès qui fut comme une perte d'une partie d'elle-même: " Marcello, c'était pour moi comme ma famille". Une standing-ovation et quelques autographes plus tard, la projection de la Ciociara pouvait commencer, un film terriblement émouvant qui montre les dernières heures de la guerre en 1945 dans une Italie où Mussolini connaît ses dernières heures et où les Alliés commencent leur avancée sur le territoire. Un formidable film qui aborde le conflit suivant la perception du peuple italien. 





Le mercredi fut une journée exceptionnelle puisque à l'occasion de la projection, à l'Institut Lumière, du Guerrier Silencieux de
Nicolas Winding Refn, celui-ci fut d'ailleurs présent et donna une masterclass, je pus rencontrer un acteur que j'apprécie énormément: Mads Mikkelsen, qui tient le rôle principal de ce film. Le Festival Lumière a accueilli l'acteur danois pendant deux jours en diffusant deux de ses films à savoir le Guerrier Silencieux et La Chasse qui lui valu le prix d'interprétation masculine à Cannes. C'est donc dans une salle comble que l'acteur est venu présenter son film et parler
brièvement de sa carrière accompagné par T.Fremaux. L'acteur est arrivé de manière décontractée malgré le fait qu'une de ses valises fut égarée lors d'une de ses escales européennes. T.Frémaux évoqua sa passion pour le cyclisme mais aussi la carrière hétéroclite de l'acteur qui est capable d'enchainer des grosses productions comme James Bond, la série Hannibal, qui le fit d'ailleurs connaitre dans le monde entier, ou Star Wars avec des films plus intimistes au budget moins important comme La Chasse, Le Guerrier Silencieux ou encore Michael Kohlhaas.
 Mais pour l'acteur, il n'y a pas de différence entre petites et grosses productions, tous les films nécessitent une préparation méticuleuse comme dans Michael Kohlhaas où il dut apprendre à monter à cheval et à s'exprimer en français de manière correcte. Pour terminer, Mads Mikkelsen remercia le public français d'être venu si nombreux voir Le Guerrier Silencieux qui marcha mieux dans notre pays qu'au Danemark. Cela est du à notre amour du cinéma et au fait que celui-ci soit considéré comme un art en France, conclut-il avant que les lumières s'éteignent et que Mads Mikkelsen le viking envahisse l'écran. 


Vendredi était le jour tant attendu par tous les festivaliers puisqu'il correspondait à la remise du Prix Lumière 2015 à Martin Scorsese, les places s'étant vendues en une minute ce qui montre le véritable engouement du public autour du prix Lumière. C'est donc en dernier, vers 20H00, après l'arrivée de nombreux invités du festival, que Martin Scorsese fit une entrée triomphale dans l'amphithéâtre de la salle 3000 et alla s'installer au côté de sa femme et de sa fille parmi les invités. Après de longues vidéos remémorant les prix Lumière des années précédentes et la programmation de cette édition, plusieurs parenthèses musicales sont venues ponctuer la soirée: Camélia Jordana, déjà de la partie l'année passée, est venue réinterpréter à sa façon le tube New York New York, Jane Birkin a chanté le thème de Casablanca et le
compositeur Jean Michel Bernard, compositeur de Hugo Cabret, a joué au piano les principaux thèmes de la filmographie du cinéaste new-yorkais. La soirée fut aussi ponctuée d'hommages tous plus émouvants les uns que les autres: le cinéaste iranien Abbas Kiarostami dévoila un court métrage spécialement réalisé pour l'occasion intitulé "Merci Marty ", grand absent de cette soirée, Robert de Niro, envoya un message affectueux à Martin et enfin, François Cluzet qui eut la chance de partager l'écran avec le cinéaste dans Autour de Minuit de Bertrand Tavernier évoqua ses souvenirs de tournage et l'apport du cinéaste new-yorkais dans son travail. Celui-ci lut d'ailleurs avec T.Fremaux une lettre de Bertrand Tavernier, retenu pour des
raisons médicales, adressée à Martin Scorsese. Comme chaque année, la cérémonie a été aussi l'occasion de revoir quelques films des frères Lumière à qui le festival doit son nom sous les commentaires amusants et décontractés du directeur du Festival T.Frémaux. Puis ce fut le moment pour M.Scorsese de recevoir son prix, succédant ainsi à Almodovar. Et c'est avec un discours émouvant qui mêle ses souvenirs de cinéma et familiaux à la nécessité pour lui de continuer à guider, à travers ses films, la jeunesse actuelle en proie à l'abondance des images que la soirée s'est clôturée.






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